J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète, Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent… Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ? À quand, et avec qui , le prochain ? On verra... On lira ... | Marie-Thérèse PEYRIN - Janvier 2015

ETATS DES YEUX | Automne | Temps 1

ETAT DES YEUX | Automne 2020 | à l'intérieur...

WINFRIED VEIT ATELIER

Winfried VEIT  (c)  Extrait d'Atelier 2020

 

Plusieurs couches d'événements de vie personnelle et collective  avant la note d'aujourd'hui. Comme si évoquer, raconter , flotter mentalement comme j'aime le faire entre la Vie et les Livres était rendu plus difficile, moins prioritaire. Les professionnels de l'écriture , ceux et celles qui en font leur métier et leur combat quotidien me semblent perdu.e.s eux aussi dans leurs innombrables tentatives de visibilité médiatique. Il me faut frayer un chemin entre nécessité et dérisoire utilité d'écrire pour que la trace de mes pensées reste ancrée dans un besoin intime et justifiable. Peu importe le jugement extérieur ou au contraire son impact possible sur ce geste pluriquotidien de laisser des mots et des phrases s'agencer sur une page manuscrite ou virtuelle. Je parle volontiers aux internautes dont les écrits me parviennent sous une forme ou une autre. Je réagis... j'agite des réactions souvent plus affectives qu'intellectuelles , j'aime les enrober, les endimancher de plaisir d'écriture. Le moteur est là... Je cultive mes amitiés d'écriture et de lecture en prenant soin de ne pas trop me disperser, car on le sait d'emblée, "qui trop embrasse mal étreint"... Et en temps de pandémie, on est curieusement assignés à l'éclectisme...  De ce point de vue là, la vie familiale est un bon laboratoire, comment embrasser avec les mots et les gestes retenus...  Je suis passée par des moments contradictoires, entre l'envie impérieuse de cesser toute émission de pensées personnelles et la propension à donner aux autres ce que j'aimerais recevoir : la qualité plus que la quantité, la finesse et l'intelligence plus que les bavardages people. Les intellectuels  et les puissants entre eux ont l'art de la hiérarchie et du clivage entre initiés et non initiés , adoubés et roturiers, méritants et invisibles. Les gens simples de condition modeste  font de même,  et les deux camps s'accusent mutuellement de  renforcer le phénomène. L'entre-soi est ce qui ampute les mains tendues. Quelle main d'écriture ou de dialogue tendre à quelques un.e.s de mes contemporain.e.s ? C'est une question que je me pose chaque jour. J'essaie de ne  pas me forcer ni me culpabiliser. J'essaie d'être sincère et de réfréner mes rancoeurs. Il n'y a qu'en politique que je me dois de me positionner, et j'attends les prochaines élections avec intérêt. J'ai peur des débordements et des outrances des extrêmes. Je sais que la confusion est planétaire et qu'il faut raisonner à partir des possibilités d'apaisement et de confrontations citoyennes à l'échelle d'un quartier , d'une ville. Je veux croire en la force tranquille , à celle des femmes qui veulent se protéger et grandir dans l'autonomie de leurs choix de vie et d'amour, à celle des hommes qui acceptent de les écouter et de partager les tâches pour le bien commun et les générations futures. Toutes les guerres avérées , dont celle du virus, et les conflits potentiels ne sont pas des fatalités, elles ont besoin d'être expliquées sans complaisance et refoulées avec tact hors de nos destins. Je ne suis pas une Retraitée passive, ni active dans le sens de l'instrumentalisation qu'on encourage volontiers dans le bénévolat et le don de temps dont les autres voudraient bénéficier. La vie est courte, à qui  et à quoi dois-je la réserver puisque je suis encore libre de direction ? Cette question posée, je constate que je me tiens volontiers en retrait et en attente de causes sociales non belliqueuses. Je me sens cependant mentalement disponible pour penser avec d'autres, notamment dans le domaine littéraire et poétique , ce qui peut être vécu et encouragé en bas de l'immeuble, pas forcément loin, et dans le lien indéfectible avec les autres humains fraternels de la planète pour tous les genres. Je ne me sens pas idéaliste ni formatée.  Je me sens laïque par conviction et solidaire par obsession.  J'espère que  je le resterai sans tourments jusqu'au bout. 

Aujourd'hui, je pense à mes Ami.e.s plus ou moins proches, écrivains, poètes, peintres,musiciens, comédiens , plasticiens, ceux de la Culture qu'on confine pour des raisons sanitaires. J'attends de leurs  bonnes nouvelles et je les espère résilient.e.s .

Je pense en particulier à mon Ami Winfried Veit et à sa compagne Olga. La raison en est privée et ce tableau la symbolise. 

 

M.T. Peyrin  - 7 Novembre 2020  - 15h30

 


Lorsque l'enfant vient | Adrien | 11 Septembre 2014

 

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ADRIEN

 

Adrien dort, emmailloté à l'ancienne dans une couverture de coton blanc.

Il n'aime pas la lumière trop vive de la chambre mais se rassure au contact du corps maternel.

La naissance a été longue malgré la rupture de la poche des eaux, Adrien n'a pas voulu

répondre instantanément aux injonctions chimiques du comité d'accueil de l'hôpital.

 Plusieurs sage-femmes se sont  succédées et même un sage-homme nous a-t-on raconté ... 

Adrien savait que sa mère et son père l'attendaient fébrilement , mais  il n'était plus pressé.

Avec quinze jours d'avance,

il aurait pu  à terme être plus fort, plus réveillé, plus motivé ,

mais comme sa mère à sa propre naissance,

il a choisi la surprise et le passage plus facile au seuil de la vie bruyante. 

Adrien le petit cosmonaute est arrivé selon la coutume rassurante,

la tête en avant  et n'a pas hésité longtemps à trouver la route du lait.

Apéro au colostrum.

TCHIN  TCHIN  !

Nous on sabre le champagne !

Et la suite paraît aussi facile et naturelle.

Nous , grands-parents maternels pour la première fois,

nageons dans le bonheur et la gratitude 

de vivre tout cela.